vendredi 28 novembre 2008

FAIT DIVERS

Sur le parking du supermarché
Un homme court derrière son caddie
Qui a pris quelques libertés
Et percute une BMW.

Que pensez-vous qu’il arriva ?
Ce fut le client qui paya.


Dans la rue en pente affirmée
Une femme court derrière son buggy
Qui abrite son dernier-né
Et percute une BMW.

Que pensez-vous qu’il arriva ?
Ce fut le bébé qui… non ! ne regardez pas !

lundi 24 novembre 2008

CAR WASH

Ce matin, je suis passée devant un car-wash, à Gosselies. Un automobiliste attendait mais le bâtiment avait l'air déserté.

CAR WASH.

Au car-wash de la rue du Palais
Le client s’impatientait.
Où était ce foutu Paki ?
La voiture avait absolument besoin d’être lavée
Et chez le Paki c’était meilleur marché.

Allons pressons un peu
Il va être en retard
À la réunion hebdomadaire de son club de billard.
Toutes les cinq secondes
Il consulte sa montre
Qui a d’ailleurs cinq bonnes minutes d’avance.

A deux pas de là
Sous les rouleaux de lavage
Le patron pakistanais gisait
La gorge tranchée
Dans les bras de son ouvrier
Au crâne fracassé.
L’homme qu’il avait aimé.

Le client s’impatientait
Sa voiture avait absolument besoin d’être lavée.

Jo Hubert
Novembre 08.

samedi 22 novembre 2008

DERISION VS SINCERITE.
La dérision est à la mode, l’autodérision encore plus. Facile ! Pour peu que je choisisse un sujet consensuel et que j’en prenne systématiquement le contrepied, tout en gardant mes distances… Je ne me compromets guère et je passe pour un esprit original. Si en plus je dénigre mes propres œuvres, mes écrits, je ne récolterai que des bravos.
Mais flûte, à la fin ! Si je l’ai écrit, si je l’ai peint, c’est que c’est ainsi que je le ressentais et je ne vois pas pourquoi je me désavouerais, sous prétexte que la sincérité est passée de mode.
Il m’arrivera encore de dérisionner (et de déraisonner) mais ce ne sera plus systématique : au moins j’aurai essayé de me distinguer d’une autre façon. Non mais !

jeudi 13 novembre 2008

Le GPS ou le deuil de ne plus savoir où on (en) est...

La présence d’un GPS dans la voiture me fait perdre le sens de la désorientation. Et je déteste ça. Je l’aime bien, moi, mon sens de la désorientation ! Il m’a rendue célèbre dans la famille. Mes enfants m’avaient surnommée « la championne du demi-tour ». Je tiens à mon titre.
Qui dira la poésie de se perdre, de faire des détours labyrinthiques en une sorte de retour sur soi-même pour atteindre enfin le cœur du plaisir, l’extase finale : l’égarement total ? On joue à se faire peur : on est perdu, soit, mais si on n’allait plus jamais se retrouver ? Que deviendrait-on, sans soi dans sa vie ? Plus de reflet dans le miroir, plus d’ombre qui vous accompagne… Le Petit Poucet a dû expérimenter ces délicieuses angoisses.
Délicieuses parce que factices. On n’est jamais perdu que pour les autres, finalement. Quand on dit : « je me suis perdu », c’est « je suis le seul à savoir où je suis » qu’il faut entendre. Quel plaisir plus exquis que celui de se savoir introuvable à cette époque où tout est mis en place pour surveiller les faits et gestes de chacun ? D’arpenter de long en large la salle des pas perdus de notre manoir secret ?
Et quand on se retrouve (ou qu’on s’y retrouve), c’est parce qu’on veut bien se laisser retrouver. Car si on peut se perdre en une multitude de lieux, on finit toujours par se retrouver au même endroit.
Difficile de ne pas perdre le fil de ce dédale ?
Suivez-moi et vous comprendrez. Mais, avant de partir, jetez votre GPS aux orties.