mercredi 3 décembre 2014

CHRONIQUE DE LA CAROTIDE OUVERTE

Je serai
entre la vie et la mort
j'aurai fait
ma grille de pronostics en secret
j'aurai écrit au Père Noël
mes souhaits

Je partirai le coeur tranquille
je ne tiendrai plus qu'à un fil
et des dizaines de tuyaux

des machines qui ronronneront
et plein de bips assourdissants
signalant que je prends le large
un moment.

26.11.2014



Subir douleur et désarroi
comme autrefois
laisser planer mon rêve
qui leur échappe

le fil des nues
qui leur échappera toujours
et qui libre (ex)iste

bien au-delà de leurs filets
et de leur compréhension.

28.11.2014



Le geyser jailli de ma gorge
rouge coulée
le nappage
tout chaud de ma vie
souplement répandu sur mes seins

même pas peur
tu vois

les médecins s'affairent
autour de moi
et moi je ris
de l'intérieur :

cet affolement-là
ne me regarde pas.

29.11.2014




vendredi 21 novembre 2014

Les lits des autres

Je n'ai jamais si bien dormi
que dans le lit des autres
(leur présence étant accessoire).

Le lit des autres sent le foin
la lavande et le romarin
malgré les taches de dégueulis
sur le tapis.


Le lit des autres sent
le désordre des sens.
Des rêves dorment sous l'oreiller
il suffit d'y penser.

Je n'ai jamais si bien dormi
que dans les lits
dont l'histoire n'est pas la mienne.


JoH

28 septembre 2014

samedi 6 septembre 2014

A QUIA


En écoutant une interview de Pascal Dusapin, compositeur, sur son opéra « a quia ».

Instantané
prêt depuis longtemps
là là là
et l'aigu s'improvise
s'imprègne
monte et monte encore
puis s'explose en plein vol.

Fort triste dépression
achevée un matin.
Persiste un fil
métallique analogue à la voix
d'une diva en plein sanglots
à la limite de la blettise
qui opéra
a quia.

Chant nageant
dans le sang épais de la tragédie :
plat compliqué sauce musique.

Dire un appareil sémantique
c'est mentir
tic tic tac
mensonge et Cie.

Symphonique l'orchestre est mutique
c'est sans dire
toute une vie
tu entends
toute une vie
sans rien se dire
de quoi se dévorer
au silence réduit.

L'aigu cherche sa voix
monte aigu lui aussi
l'autisme est confirmé.

T'es comme moi
tu vois bien
pas plus d'autorité qu'une limace
qu'une baleine :
c'est presque fini
et t'as toujours rien dit
de ta chute innommable.
Sacrée maladie !

Ça manque de clarté et ça manque de dieux
mais dis-le dis-le
nom de Dieu
que tu es une ombre frappée de lumière
et qui tombe.
Dis-le dis-le
tom-ber tom-ber tom-ber
chu-ter chu-ter chu-ter
dis-le !

(Non
je ne veux pas
laisse-moi partir
fais sans moi
fais-les rire
moi je pars me confesser
confiteor et mea culpa
je me sauve tu vois
avant d'avoir péché.

S'arrêter.
Croupir et s'accroupir
pisser
chercher l'eau dans le sable
et ne trouver que soi
que son cri
si aigu si aigu si aigu
qu'il faudra l'enterrer
avant la nuit.)

Toute une vie
toute une _
pour en arriver là.
Là là.


JoH   06.09.14

jeudi 14 août 2014

Extrasystoles



















Extrasystoles


de la glu et du miel
que lécher pour nous rendre féroces ?

nous vomissions le corps des autres.


entre les ongles et le mur
un crissement de sable sec.

***

c'était un élucubrateur précoce :
enfant, déjà...

***

J'aimais
désobéir.

Du tac au tic
l'insolence
du non.

Rebelle et rebelote !

Le chemin est sorti
à pied
du jeu de cartes des majordomes

disparu

les radars
n'auront pas le dernier mot.



Je mourrai
               la joue
                         posée
                                 contre le sol
                                            froid
mon oreille à l'écoute
des grommellements de la terre.

Le froid grandit
dans le conduit

Dans ma tempe
il avance
comme une armée de fourmis
sur les lacs gelés de Russie

dans mon corps
grelottant
le froid.

Mais ce n'est rien
mon petit
ça va
passer.

Attends un peu
ça VA passer.

Ça va
aller
le froid
va
passer.

Attendre.

Et voir
ailleurs
entre la peau et la chemise
tomber dans le panneau
du cul clair fendu

un souffle chaud
sur le corps nu

la vie.

***


Fatigue aiguisante rompue laissée sur le banc désolé de la petite bouchère et de son amoureux, battus en retraite par l'amas de pluies venant de la côte. Plus loin à l'est, l'enfant désintégrée sur les bas-côtés de la route qui mène à la guerre entre la malemort et la demi-vie. Entre vie et vite c'est le temps d'un thé, d'un TGV, d'un été sur une terrasse, d'un déjeuner sur l'herbe ou, à croupetons derrière la vitre à regarder la pluie, à répéter « été pourri ». Arrivée en hiver, on se dit que la pluie, c'est quand même plus beau sur les feuilles et les fleurs que sur des rameaux dénudés, bois déjà mort, sève flétrie, dont le printemps lui-même se détourne, écoeuré. Apeuré.

***

Aujourd'hui, le coeur a ses extrasystoles. Silence d'avant l'orange et puis BANG, c'est reparti au bleu avec détonation dans le thorax. Papillonnements légers, à peine un souffle, et chuuut. Et chute. Toboggan. Arrêt sur nuage. Battements d'ailes. Un ange passe... et BANG ! Passé le point mort, le moteur a des ratés, le souffle tiédit puis devient froid. Frissons dans la nuque mouillée.

Ni rimes ni saisons au mât de dizaine dans la nuit sans voiles à pourchasser les assassins du presque rien, ce presque rien qui change tout. Ou presque. Tout.

***

C'est ça !

Récompense-moi en me désertant, me tarissant de ton oubli. Abandon-charme, abandon-rêve, abandon-blesse, abandon-tue. Bandons, diras-tu ! Mon alpha privatif ne m'y autorise pas, ni le deuxième X de mes chromosomes. Et j'en crève. Aussi plate que la chambre à erre...

J'ai encore un peu faim. Repassez-moi le plat. Il en reste sur mon assiette ? Et puis après... c'est dans la dernière scène que le traître apparaît dans toute sa noirceur. Baissez le rideau que je déguste en paix! Alléluia !

***

N'aurai-je eu que des pavillons à suspendre ou mes propres oreilles à surprendre ? Lavées à 30° de latitude nord et 60° de longitude ouest.

Non             un peu plus à droite.
                                               Encore
                                                         plus à droite, SVP !
L'alignement à gauche est suranné.

Oh, quel ennui, ne mélangeons pas les genres, politique ou poésie, il faut choisir. La mode est à la parité, l'a-parité, l'apartheidabsurdité. Tripotage à tribord.

                                                                                                  Pas trop à droite, quand même. On n'écrit pas de droite à gauche, il n'y a que les terroristes pour.

                        La terre aux riches, c'est au centre.
                                     Au centre-droit, si vous insistez.

La poésie est saturée ? Elle offre autant de débouchés que le tuyau de mon évier ? La politique est redondante, squattée par les marchands d'âge tandis que la poésie avec élégance s'élague.

La      poésie      est        sur       toute           la         ligne.


                                             ***



14 août 2014










dimanche 29 juin 2014

Illustration pour le groupe KICKSVILLE





mercredi 4 juin 2014

C'EST LA VIE




Epineuse la vie
à toujours être là
épuisante
fracas

(et je dis fracas pour tracas
comme farce pour trace)

Ses paragraphes
ses fautes d'orthographe

son absence de signes
de ponctuation.

Ses coquilles
vides
de sens.
Ses élucubrations.

Sa peau ternie
son ventre mou
son sexe fou.
Ses paradoxes.

Ses tons passés
ses coups de gomme
inopinés
ses crayons mal taillés
démesure
prolixité.

La vie saigne du nez
sur ses cahiers.

Elle en bave
sur son gilet
mais se contente d'à-peu-près
à l'heure des comptes derniers.

Elle émet des échos
d'immeuble inhabité
lance des SOS
vers le ciel déserté.

Elle se fait prier
pour se taire

car elle est cri
de la tête aux pieds
du début à la fin

c'est normal

c'est la vie.



JoH 3-4 juin 2014

dimanche 11 mai 2014

A propos de la poésie





L'écriture est dure
l'envie de tuer la possède.

La poésie fébrile
tranche au vif du sujet.

Au jet de pierre
papier ciseaux
elle émousse et concasse
déchire
elle a toujours le verbe haut.

Elle écrase la langue
la poésie
noire aile du corbeau
elle griffe profond
mord au sang elle baise
sans attendre le bon plaisir
du désir.

Elle écartèle
sans faire de quartier
monte sur ses grands chevaux
écrabouille au galop les marchands
de clichés.

Elle torture
tout qui la lit.

La poésie
n'est pas jolie
c'est une brute en rut
qui vous prend par les dents
ou par les couilles
c'est un pitbull
qui vous rentre dedans
et s'y installe pour crécher

sans payer de loyer.

Mai 2014