jeudi 14 août 2014

Extrasystoles



















Extrasystoles


de la glu et du miel
que lécher pour nous rendre féroces ?

nous vomissions le corps des autres.


entre les ongles et le mur
un crissement de sable sec.

***

c'était un élucubrateur précoce :
enfant, déjà...

***

J'aimais
désobéir.

Du tac au tic
l'insolence
du non.

Rebelle et rebelote !

Le chemin est sorti
à pied
du jeu de cartes des majordomes

disparu

les radars
n'auront pas le dernier mot.



Je mourrai
               la joue
                         posée
                                 contre le sol
                                            froid
mon oreille à l'écoute
des grommellements de la terre.

Le froid grandit
dans le conduit

Dans ma tempe
il avance
comme une armée de fourmis
sur les lacs gelés de Russie

dans mon corps
grelottant
le froid.

Mais ce n'est rien
mon petit
ça va
passer.

Attends un peu
ça VA passer.

Ça va
aller
le froid
va
passer.

Attendre.

Et voir
ailleurs
entre la peau et la chemise
tomber dans le panneau
du cul clair fendu

un souffle chaud
sur le corps nu

la vie.

***


Fatigue aiguisante rompue laissée sur le banc désolé de la petite bouchère et de son amoureux, battus en retraite par l'amas de pluies venant de la côte. Plus loin à l'est, l'enfant désintégrée sur les bas-côtés de la route qui mène à la guerre entre la malemort et la demi-vie. Entre vie et vite c'est le temps d'un thé, d'un TGV, d'un été sur une terrasse, d'un déjeuner sur l'herbe ou, à croupetons derrière la vitre à regarder la pluie, à répéter « été pourri ». Arrivée en hiver, on se dit que la pluie, c'est quand même plus beau sur les feuilles et les fleurs que sur des rameaux dénudés, bois déjà mort, sève flétrie, dont le printemps lui-même se détourne, écoeuré. Apeuré.

***

Aujourd'hui, le coeur a ses extrasystoles. Silence d'avant l'orange et puis BANG, c'est reparti au bleu avec détonation dans le thorax. Papillonnements légers, à peine un souffle, et chuuut. Et chute. Toboggan. Arrêt sur nuage. Battements d'ailes. Un ange passe... et BANG ! Passé le point mort, le moteur a des ratés, le souffle tiédit puis devient froid. Frissons dans la nuque mouillée.

Ni rimes ni saisons au mât de dizaine dans la nuit sans voiles à pourchasser les assassins du presque rien, ce presque rien qui change tout. Ou presque. Tout.

***

C'est ça !

Récompense-moi en me désertant, me tarissant de ton oubli. Abandon-charme, abandon-rêve, abandon-blesse, abandon-tue. Bandons, diras-tu ! Mon alpha privatif ne m'y autorise pas, ni le deuxième X de mes chromosomes. Et j'en crève. Aussi plate que la chambre à erre...

J'ai encore un peu faim. Repassez-moi le plat. Il en reste sur mon assiette ? Et puis après... c'est dans la dernière scène que le traître apparaît dans toute sa noirceur. Baissez le rideau que je déguste en paix! Alléluia !

***

N'aurai-je eu que des pavillons à suspendre ou mes propres oreilles à surprendre ? Lavées à 30° de latitude nord et 60° de longitude ouest.

Non             un peu plus à droite.
                                               Encore
                                                         plus à droite, SVP !
L'alignement à gauche est suranné.

Oh, quel ennui, ne mélangeons pas les genres, politique ou poésie, il faut choisir. La mode est à la parité, l'a-parité, l'apartheidabsurdité. Tripotage à tribord.

                                                                                                  Pas trop à droite, quand même. On n'écrit pas de droite à gauche, il n'y a que les terroristes pour.

                        La terre aux riches, c'est au centre.
                                     Au centre-droit, si vous insistez.

La poésie est saturée ? Elle offre autant de débouchés que le tuyau de mon évier ? La politique est redondante, squattée par les marchands d'âge tandis que la poésie avec élégance s'élague.

La      poésie      est        sur       toute           la         ligne.


                                             ***



14 août 2014