samedi 6 septembre 2014

A QUIA


En écoutant une interview de Pascal Dusapin, compositeur, sur son opéra « a quia ».

Instantané
prêt depuis longtemps
là là là
et l'aigu s'improvise
s'imprègne
monte et monte encore
puis s'explose en plein vol.

Fort triste dépression
achevée un matin.
Persiste un fil
métallique analogue à la voix
d'une diva en plein sanglots
à la limite de la blettise
qui opéra
a quia.

Chant nageant
dans le sang épais de la tragédie :
plat compliqué sauce musique.

Dire un appareil sémantique
c'est mentir
tic tic tac
mensonge et Cie.

Symphonique l'orchestre est mutique
c'est sans dire
toute une vie
tu entends
toute une vie
sans rien se dire
de quoi se dévorer
au silence réduit.

L'aigu cherche sa voix
monte aigu lui aussi
l'autisme est confirmé.

T'es comme moi
tu vois bien
pas plus d'autorité qu'une limace
qu'une baleine :
c'est presque fini
et t'as toujours rien dit
de ta chute innommable.
Sacrée maladie !

Ça manque de clarté et ça manque de dieux
mais dis-le dis-le
nom de Dieu
que tu es une ombre frappée de lumière
et qui tombe.
Dis-le dis-le
tom-ber tom-ber tom-ber
chu-ter chu-ter chu-ter
dis-le !

(Non
je ne veux pas
laisse-moi partir
fais sans moi
fais-les rire
moi je pars me confesser
confiteor et mea culpa
je me sauve tu vois
avant d'avoir péché.

S'arrêter.
Croupir et s'accroupir
pisser
chercher l'eau dans le sable
et ne trouver que soi
que son cri
si aigu si aigu si aigu
qu'il faudra l'enterrer
avant la nuit.)

Toute une vie
toute une _
pour en arriver là.
Là là.


JoH   06.09.14