Gris.
Gris brouillard
sur le canal une péniche
se matérialise à peine
pleine à ras bord
(de bâbord à tribord)
de
déchets fumants puants.
Gris passerelle
des tourterelles
mouettes et
pigeons
cris et roucoulements
indécents
enveloppements
de brume matinale.
Gris trottoir
une pellicule de gel
sur les pavés glissants d’ennui
chute mortelle potentielle
le nez dans la charognerie
d’une journée foutue d’avance
irrémédiablement vouée
au
gris.
mardi 27 janvier 2009
Petits meurtres hypocrites
L’actualité récente regorge de faits sanglants. Il y a les massacres organisés, comme à Gaza. D’après certains médias, les victimes étaient des terroristes, pas de quoi fouetter un chat ! Des terroristes de moins d’un an, parfois. On est précoce au Proche-Orient ! « Proche », façon de parler. Cela se passe loin de chez nous, cela ne nous regarde pas.
Chez nous, nous préférons les francs-tireurs, ceux qui agissent de leur propre initiative : Geneviève Lhermitte, Kim De Gelder et n’oublions pas les assassins de Joe Van Holsbeek. Nous avons bon cœur, nous sommes prompts à nous émouvoir sur le sort des victimes. Pour mieux les plaindre, nous voulons tout savoir, jusqu’au dernier détail sordide. Nous épluchons les journaux, le Net, nous écoutons attentivement les émissions de radio. Nous suivons les procès d’assises. Notre légitime curiosité satisfaite, nous allons marcher dans la rue pour manifester notre sympathie aux victimes et leur famille et notre vertueuse indignation. Et quand nous rentrons à la maison, fatigués de cet effort inhabituel, nous nous installons devant la télé, pour un repos bien mérité, et regardons, blasés, une série policière où les crimes commis ailleurs ressemblent comme des frères à ceux perpétrés ici.
Poussons la logique jusqu’au bout. Puisque ce genre de faits-divers attise notre curiosité (malsaine ? mais noooon !), qu’il nous sort de la torpeur où nous avaient plongés les fades soubresauts de la politique intérieure et de la crise économique, nous devrions bénir ceux qui nous les fournissent. Les meurtriers, les violeurs, les sadiques, les pédophiles, ce sont eux qui alimentent notre appétit de sensationnel, notre soif de scandales, qui réveillent en nous des émotions souvent mal définies, qu’il vaut sans doute mieux ne pas trop analyser, sous peine d’y découvrir des aspects de nous-mêmes que nous préférons ignorer. Notre cœur bat plus vite : enfin, il se passe quelque chose ! Oh, ce que nous montrons n’est que compréhensible écoeurement, indicible horreur, respectable désir de voir les coupables punis comme il se doit, espoir que cela plus jamais ne se reproduira… Vraiment ? Que cela jamais ne se reproduira ? Mais alors… Nous allons replonger dans notre apathie, dans l’insupportable monotonie de nos vies… Et où les réalisateurs de nos séries préférées iraient-ils chercher leurs idées si on cessait d’assassiner ?
Nous ne sommes pas cohérents. Remercions ceux qui se sacrifient pour nous, ceux qui commettent à notre place, au prix de leur liberté, les crimes dont nous sommes tous capables, ces crimes dont le récit nous passionne tellement, dont l’envie coupable fait son chemin dans les couloirs tortueux de notre inconscient. Regardons-nous, regarde-toi sans fard dans le miroir, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère.
Chez nous, nous préférons les francs-tireurs, ceux qui agissent de leur propre initiative : Geneviève Lhermitte, Kim De Gelder et n’oublions pas les assassins de Joe Van Holsbeek. Nous avons bon cœur, nous sommes prompts à nous émouvoir sur le sort des victimes. Pour mieux les plaindre, nous voulons tout savoir, jusqu’au dernier détail sordide. Nous épluchons les journaux, le Net, nous écoutons attentivement les émissions de radio. Nous suivons les procès d’assises. Notre légitime curiosité satisfaite, nous allons marcher dans la rue pour manifester notre sympathie aux victimes et leur famille et notre vertueuse indignation. Et quand nous rentrons à la maison, fatigués de cet effort inhabituel, nous nous installons devant la télé, pour un repos bien mérité, et regardons, blasés, une série policière où les crimes commis ailleurs ressemblent comme des frères à ceux perpétrés ici.
Poussons la logique jusqu’au bout. Puisque ce genre de faits-divers attise notre curiosité (malsaine ? mais noooon !), qu’il nous sort de la torpeur où nous avaient plongés les fades soubresauts de la politique intérieure et de la crise économique, nous devrions bénir ceux qui nous les fournissent. Les meurtriers, les violeurs, les sadiques, les pédophiles, ce sont eux qui alimentent notre appétit de sensationnel, notre soif de scandales, qui réveillent en nous des émotions souvent mal définies, qu’il vaut sans doute mieux ne pas trop analyser, sous peine d’y découvrir des aspects de nous-mêmes que nous préférons ignorer. Notre cœur bat plus vite : enfin, il se passe quelque chose ! Oh, ce que nous montrons n’est que compréhensible écoeurement, indicible horreur, respectable désir de voir les coupables punis comme il se doit, espoir que cela plus jamais ne se reproduira… Vraiment ? Que cela jamais ne se reproduira ? Mais alors… Nous allons replonger dans notre apathie, dans l’insupportable monotonie de nos vies… Et où les réalisateurs de nos séries préférées iraient-ils chercher leurs idées si on cessait d’assassiner ?
Nous ne sommes pas cohérents. Remercions ceux qui se sacrifient pour nous, ceux qui commettent à notre place, au prix de leur liberté, les crimes dont nous sommes tous capables, ces crimes dont le récit nous passionne tellement, dont l’envie coupable fait son chemin dans les couloirs tortueux de notre inconscient. Regardons-nous, regarde-toi sans fard dans le miroir, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère.
mercredi 14 janvier 2009
Stage d'écriture à l'Abbaye de Floreffe
STAGE D’ÉTÉ A FLOREFFE.
Cet été, Jean-Marc Riquier et moi-même rééditons notre désormais traditionnel stage d’écriture (résidentiel ou non) à l’abbaye de Floreffe (Belgique). Les dates n’ont pas encore été fixées mais nous pouvons déjà vous révéler qu’il aura lieu, comme de coutume, aux alentours du 21 juillet. Pour ceux et celles qui ont participé à l’édition 2008, nous tenons à préciser que, si le nombre de participants dépasse douze personnes, une deuxième session sera prévue, tout de suite après la première.
Des informations plus précises seront publiées très prochainement.
Cet été, Jean-Marc Riquier et moi-même rééditons notre désormais traditionnel stage d’écriture (résidentiel ou non) à l’abbaye de Floreffe (Belgique). Les dates n’ont pas encore été fixées mais nous pouvons déjà vous révéler qu’il aura lieu, comme de coutume, aux alentours du 21 juillet. Pour ceux et celles qui ont participé à l’édition 2008, nous tenons à préciser que, si le nombre de participants dépasse douze personnes, une deuxième session sera prévue, tout de suite après la première.
Des informations plus précises seront publiées très prochainement.
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