vendredi 7 août 2015

LETTRE OUVERTE A UN AMANT DE PASSAGE





Je transpirais comme un secret
en ce temps-là
lorsque j'inventais
sonnets et sornettes
à dormir partout
à coucher assise ou debout
avec n'importe qui
n'importe quoi
en ce temps-là.

Fais voir ta gueule
mon mignon
mon minou d'amour
mon morpion
mon scorpion
mon scorbut
mon espion
mon pignon de pin
mon quignon de pain...

Rassis !

Ton âme s'évapore
par tous les pores
de ta vertu.
Tu m'exaspères
de tes prières
tes impromptus
à la lèche-moi le cul.

Tu baises ou
tu te branles
mon capitaine
et tu marines
dans ton jus.

T'auras beau faire
je ne mange pas
de ce sperme-là.

Tu titubes
dans le noir
et tu te cognes les tibias
à la baignoire.

Tu me débectes
ne le vois-tu pas ?
Quand te décideras-tu
à lever le camp
appeler un taxi
à vider les lieux
que je puisse changer les draps ?

Pourquoi
mais pourquoi
je fais ça ?

Habituée
des lendemains qui dégrisent
et des bains à n'en plus finir
j'ai beau ouvrir
portes et fenêtres
le relent est toujours là

il faut que je cache tout ça
à mes enfants
qu'ils ne sachent pas
quelle belle salope est leur mère
qui baise avec les rats-dégoûts
les pourritures d'ici-bas.

Oublier tout ça au plus vite
l'enterrer comme fait le chat
grattant des pattes de derrière
faisant comme ci
comme si
tout ça
n'existait pas.

JoH Août 2015


LESSIVE




A la radio
dans le lointain
le son égrotant d'un tango
argentin agonisant.

Abandonnée au bandonéon
badigeonnée
au bleu de Méthylène
j'aurais voulu être une femme
et non cette enfant déflorée
fourrée dans la lessiveuse
avec la poudre optique
qui ôte jusqu'aux taches
les plus tenaces.

J'avais envie
d'une glace panachée vanille-pistache
c'était une consolation
d'y penser
tandis que j'étais lessivée.


JoH Août 2015

CHEZ TANTE ALICE




Tante Alice a les dents qui saignent
elle les brosse dans l'évier
de la cuisine.

Mon cousin Bernard
est mort à quinze ans
les dos ouvert sur les rochers
du bas-côté de la route
le long de l'Ourthe.

Chez Tante Alice
le grille-pain
sent si mauvais
que je cours me blottir
dans l'escalier
à mi-chemin entre le sol
et le palier.

A mes côtés
une ombre claire.

JoH Août 2015






HIRONDELLES



Là-haut nichaient
des oiseaux
je crois bien que c'étaient
des hirondelles
têtes penchées
agiles
regards en coin

Sur l'escarpolette
de fortune
cordes nouées
tête penchée moi aussi
j'ai la nausée
j'ai vomi.



JoH août 2015