La présence d’un GPS dans la voiture me fait perdre le sens de la désorientation. Et je déteste ça. Je l’aime bien, moi, mon sens de la désorientation ! Il m’a rendue célèbre dans la famille. Mes enfants m’avaient surnommée « la championne du demi-tour ». Je tiens à mon titre.
Qui dira la poésie de se perdre, de faire des détours labyrinthiques en une sorte de retour sur soi-même pour atteindre enfin le cœur du plaisir, l’extase finale : l’égarement total ? On joue à se faire peur : on est perdu, soit, mais si on n’allait plus jamais se retrouver ? Que deviendrait-on, sans soi dans sa vie ? Plus de reflet dans le miroir, plus d’ombre qui vous accompagne… Le Petit Poucet a dû expérimenter ces délicieuses angoisses.
Délicieuses parce que factices. On n’est jamais perdu que pour les autres, finalement. Quand on dit : « je me suis perdu », c’est « je suis le seul à savoir où je suis » qu’il faut entendre. Quel plaisir plus exquis que celui de se savoir introuvable à cette époque où tout est mis en place pour surveiller les faits et gestes de chacun ? D’arpenter de long en large la salle des pas perdus de notre manoir secret ?
Et quand on se retrouve (ou qu’on s’y retrouve), c’est parce qu’on veut bien se laisser retrouver. Car si on peut se perdre en une multitude de lieux, on finit toujours par se retrouver au même endroit.
Difficile de ne pas perdre le fil de ce dédale ?
Suivez-moi et vous comprendrez. Mais, avant de partir, jetez votre GPS aux orties.
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