mardi 20 octobre 2009
Espace. Aspire.
I
Etre. Avoir. Avoir eu. Avoir été. Etre eu. Etre en été.
II
Je me complais dans les plaines du silence, dans la mutité de l’assouvissement. Je m’écartèle en mon milieu, prodigue de mon impudeur. A toi, je n’ai rien à cacher, tout à donner, rien à revendre dans l’antre humide de mon ventre. Pour toi, j’ai tapissé mes parois de satin, de soie ou de velours liquides. Pour toi, j’ai pressé le fruit de mon désir dont ta langue avisée recueille les saveurs acidulées, sucrées-salées.
Pour toi, j’ai fait la place qui m’a toujours manqué. J’ai gagné sur le temps l’espace disponible pour un meilleur été. J’ai volé au passé un peu de ma jeunesse et m’en suis maquillée pour ton plus grand plaisir.
III
Aspire. Concentriques, qu’ont cent triques qui traquent le gibier ? Aspire poils et fenaisons.
Aspire. Spiraliques, spiraliformes, spires d’églises pires, pyromanes vampires ou pirates d’Epire.
Aspire l’acarienne poussière dans tes poumons d’écume et meurs étouffée dans une boue accrue.
Aspire. Hypoténuse au mystère d’un arc à flèches désarquitulé, arquebuse céleste, manifeste calcul, radicelles ras-du-cul, radical ridicule, outrage libellule. Au revers d’une manche, l’emmanchure sanglante, manchons endimanchés d’un Mandchou député. Mongolie intérieure des émotions cachées et langue abâtardie sur le fil acéré des frontières rocheuses. Désorientation délibérée par l’érection servile de mémorables mémoriaux, pines dressées au nom de la patrie.
Aspire. Serpentins et serpenteaux, seins séparés par l’armature des amateurs d’art en factures, armateurs négociants d’armes à quadrature multiple, automatique, marc de café signalétique prophétiquement énoncé. Augures, tristes figures, figurez-vous que le futur est annoncé.
IV
Eclipse aventureuse sur le fil du couchant, couche odorante en dépit des fenêtres ouvertes. Porcelaine dans le miroir en phase avec l’étroit dédale des agonies, passages subreptices, souterrains délétères, parcourus mille fois sans une épiphanie.
Halètements besogneux sous la corde tendue, prête à se rompre et se corrompre dans la ruelle de ton lit où l’injustice règne en fête.
C’était juillet et la chaleur battait contre nos tempes moites. Je n’en pouvais plus d’être chaste, je transpirais, livrée aux forceps de l’ennui. Des pantins maladroits apparaissaient parfois derrière les amarres des péniches tranquilles, derrière les braquemarts, les pénis malhabiles, mais le moindre souffle quelque peu aviné les faisait s’effondrer sous leur poids. C’était à Kinkempois et les cloches sonnaient à l’église, à l’école, chacun étant prié de se joindre au troupeau. Pour un ni oui ni non, on était relégué au placard à balais tandis que les adultes somnolaient sur leurs cahiers mal équarris de devoir conjugal à refaire. Et le fanion hypertrophié du cercle catholique battait au vent, comme une galaxie à la dérive.
mercredi 30 septembre 2009
Pour la défense de la langue
I
Inamovible, l’espérance
d’un virage de cap décisif,
incisive plantée dans la chair de la langue,
incise vive entée
au pli d’une phrase branlante,
bouleversement radical permanent,
retournement des sens
et du sens de la vie,
retour à l’essentiel.
II
La tournure qu’ont prise les choses
demande un détournement d’urgence
de l’usage consacré de la langue,
toutes papilles confondues,
saveur des mots collés
à la voûte céleste du palais déserté.
Les dents ne doivent pas s’ériger en barrière
contre laquelle viendrait buter
la vérité celée par habitude.
Les dents s’écartent
sur le passage de la langue,
joyeuse entrée de ta salive
dans mon intime conviction
que tout est bon à dire.
III
Que les sons forgés dans la gorge,
conçus au berceau du palais,
les cris du cœur et des phanères,
les hululements de douleur,
les gémissements de plaisir,
les chuchotements de tendresse,
les murmures de compassion
circulent à l’air libre d’une voix entendue.
A langue abattue, les mots
courent sur le fil du rasoir
de la folie.
IV
La langue veut servir celui qui la délie.
Septembre 2009.
Inamovible, l’espérance
d’un virage de cap décisif,
incisive plantée dans la chair de la langue,
incise vive entée
au pli d’une phrase branlante,
bouleversement radical permanent,
retournement des sens
et du sens de la vie,
retour à l’essentiel.
II
La tournure qu’ont prise les choses
demande un détournement d’urgence
de l’usage consacré de la langue,
toutes papilles confondues,
saveur des mots collés
à la voûte céleste du palais déserté.
Les dents ne doivent pas s’ériger en barrière
contre laquelle viendrait buter
la vérité celée par habitude.
Les dents s’écartent
sur le passage de la langue,
joyeuse entrée de ta salive
dans mon intime conviction
que tout est bon à dire.
III
Que les sons forgés dans la gorge,
conçus au berceau du palais,
les cris du cœur et des phanères,
les hululements de douleur,
les gémissements de plaisir,
les chuchotements de tendresse,
les murmures de compassion
circulent à l’air libre d’une voix entendue.
A langue abattue, les mots
courent sur le fil du rasoir
de la folie.
IV
La langue veut servir celui qui la délie.
Septembre 2009.
ReMue : l'éclosion du lézard
A la charnière entre aujourd'hui et demain, éclora la revue en ligne des lézards : ReMue.
http://boriseloi.be/revue-re-mue/home.html
Cette naissance me remplit de joie et de fierté, ainsi que d'une immense gratitude à l'égard de celui qui a rendu possible cette aventure, le lézard par excellence : Boris Eloi Dutilleul.
ReMue publiera des textes d'auteurs de tous horizons, pour autant que ces textes reflètent une volonté d'innover, de remettre la langue en question(s), d'interroger le pouvoir et la flexibilité des mots. Les écrits publiés seront aussi empreints d'une exigence de changement, dans le domaine littéraire, artistique, social et/ou politique, etc.
Les lézards ne ronronnent pas. Sous leur sang froid/sang-froid apparent, ils cachent une vivacité prête à se manifester à la moindre occasion.
Le premier numéro de ReMue sera consacré au poète Jacques Izoard, décédé à Liège le 19 juillet 2008. Une exposition d'art postal, initiée par Robert Varlez, lui est actuellement consacrée à l'atelier 36, rue de Marcinelle, 36 à 6000 Charleroi. Le jour du décrochage, c'est-à-dire ce dimanche 4 octobre, à partir de 14 heures, auront lieu des lectures de poèmes d'Izoard, agrémentées d'intermèdes musicaux en "live".
Robert et moi espérons que les visiteurs viendront nombreux !
http://boriseloi.be/revue-re-mue/home.html
Cette naissance me remplit de joie et de fierté, ainsi que d'une immense gratitude à l'égard de celui qui a rendu possible cette aventure, le lézard par excellence : Boris Eloi Dutilleul.
ReMue publiera des textes d'auteurs de tous horizons, pour autant que ces textes reflètent une volonté d'innover, de remettre la langue en question(s), d'interroger le pouvoir et la flexibilité des mots. Les écrits publiés seront aussi empreints d'une exigence de changement, dans le domaine littéraire, artistique, social et/ou politique, etc.
Les lézards ne ronronnent pas. Sous leur sang froid/sang-froid apparent, ils cachent une vivacité prête à se manifester à la moindre occasion.
Le premier numéro de ReMue sera consacré au poète Jacques Izoard, décédé à Liège le 19 juillet 2008. Une exposition d'art postal, initiée par Robert Varlez, lui est actuellement consacrée à l'atelier 36, rue de Marcinelle, 36 à 6000 Charleroi. Le jour du décrochage, c'est-à-dire ce dimanche 4 octobre, à partir de 14 heures, auront lieu des lectures de poèmes d'Izoard, agrémentées d'intermèdes musicaux en "live".
Robert et moi espérons que les visiteurs viendront nombreux !
lundi 28 septembre 2009
Lectures de poèmes de Jacques Izoard
samedi 15 août 2009
Floreffe 2009. C'était en juillet mais le souvenir reste vivace. Cette année, deux sessions, deux groupes, tout aussi géniaux l'un que l'autre. Des textes surprenants, dont certains seront bientôt publiés dans la revue en ligne Re-Mue.
En attendant, les photos du stage sont visibles à cette adresse :
http://photobucket.com/johubert
En attendant, les photos du stage sont visibles à cette adresse :
http://photobucket.com/johubert
samedi 6 juin 2009
...des élections du 7 juin...
Les moutons vont à l'abattoir, ils ne disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais, du moins, ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera.
Octave Mirbeau.
Octave Mirbeau.
mardi 24 février 2009
En juillet, j'animerai, en compagnie de Jean-Marc RIQUIER, un stage d'écriture à l'Abbaye de Floreffe.Voici quelques informations. N'hésitez pas à prendre contact avec moi pour recevoir le dépliant complet.
ATELIER D’ ECRITURE.
(résidentiel ou non)
Deux animateurs : une femme, un homme, auteurs, engagés depuis longtemps dans l’animation d’ateliers d’écriture.
Situations inductrices, dispositifs d’accompagnement, écriture individuelle et/ou collective, prose et/ou poésie… Un moment stimulant et récréatif dans un cadre magnifique.
Dates : 19-20-21-22 juillet 2009
(du 19 juillet 16 h au 22 juillet 17 h)
Lieu : Abbaye de Floreffe (près de Namur), Belgique.
Informations données sur la base d’un groupe de 12 personnes minimum.
Hébergement en chambres individuelles, lit une personne, bureau, armoire, lavabo : apporter draps ou sac de couchage + oreiller - voyage à la charge des participants.
TARIFS DU STAGE.
Atelier-chambre-trois repas sauf boissons :
Coût par personne pour les quatre jours: 220 €.
Inscriptions groupées:
2 personnes : 200 € /pers.
En externat (avec repas midi) : 120 €
Atelier seul (sans repas) : 90 €.
« L'Écrit du Coeur »
Belgique—Contact : Jo Hubert
e-mail : johub2@gmail.com
Blog : http://johub.blogspot.com/
****
France—Contact : Jean-Marc Riquier
16, rue Pablo Picasso
58640 Varennes-Vauzelles—France
Jean-Marc.RIQUIER@wanadoo.fr
mardi 27 janvier 2009
Gris.
Gris.
Gris brouillard
sur le canal une péniche
se matérialise à peine
pleine à ras bord
(de bâbord à tribord)
de
déchets fumants puants.
Gris passerelle
des tourterelles
mouettes et
pigeons
cris et roucoulements
indécents
enveloppements
de brume matinale.
Gris trottoir
une pellicule de gel
sur les pavés glissants d’ennui
chute mortelle potentielle
le nez dans la charognerie
d’une journée foutue d’avance
irrémédiablement vouée
au
gris.
Gris brouillard
sur le canal une péniche
se matérialise à peine
pleine à ras bord
(de bâbord à tribord)
de
déchets fumants puants.
Gris passerelle
des tourterelles
mouettes et
pigeons
cris et roucoulements
indécents
enveloppements
de brume matinale.
Gris trottoir
une pellicule de gel
sur les pavés glissants d’ennui
chute mortelle potentielle
le nez dans la charognerie
d’une journée foutue d’avance
irrémédiablement vouée
au
gris.
Petits meurtres hypocrites
L’actualité récente regorge de faits sanglants. Il y a les massacres organisés, comme à Gaza. D’après certains médias, les victimes étaient des terroristes, pas de quoi fouetter un chat ! Des terroristes de moins d’un an, parfois. On est précoce au Proche-Orient ! « Proche », façon de parler. Cela se passe loin de chez nous, cela ne nous regarde pas.
Chez nous, nous préférons les francs-tireurs, ceux qui agissent de leur propre initiative : Geneviève Lhermitte, Kim De Gelder et n’oublions pas les assassins de Joe Van Holsbeek. Nous avons bon cœur, nous sommes prompts à nous émouvoir sur le sort des victimes. Pour mieux les plaindre, nous voulons tout savoir, jusqu’au dernier détail sordide. Nous épluchons les journaux, le Net, nous écoutons attentivement les émissions de radio. Nous suivons les procès d’assises. Notre légitime curiosité satisfaite, nous allons marcher dans la rue pour manifester notre sympathie aux victimes et leur famille et notre vertueuse indignation. Et quand nous rentrons à la maison, fatigués de cet effort inhabituel, nous nous installons devant la télé, pour un repos bien mérité, et regardons, blasés, une série policière où les crimes commis ailleurs ressemblent comme des frères à ceux perpétrés ici.
Poussons la logique jusqu’au bout. Puisque ce genre de faits-divers attise notre curiosité (malsaine ? mais noooon !), qu’il nous sort de la torpeur où nous avaient plongés les fades soubresauts de la politique intérieure et de la crise économique, nous devrions bénir ceux qui nous les fournissent. Les meurtriers, les violeurs, les sadiques, les pédophiles, ce sont eux qui alimentent notre appétit de sensationnel, notre soif de scandales, qui réveillent en nous des émotions souvent mal définies, qu’il vaut sans doute mieux ne pas trop analyser, sous peine d’y découvrir des aspects de nous-mêmes que nous préférons ignorer. Notre cœur bat plus vite : enfin, il se passe quelque chose ! Oh, ce que nous montrons n’est que compréhensible écoeurement, indicible horreur, respectable désir de voir les coupables punis comme il se doit, espoir que cela plus jamais ne se reproduira… Vraiment ? Que cela jamais ne se reproduira ? Mais alors… Nous allons replonger dans notre apathie, dans l’insupportable monotonie de nos vies… Et où les réalisateurs de nos séries préférées iraient-ils chercher leurs idées si on cessait d’assassiner ?
Nous ne sommes pas cohérents. Remercions ceux qui se sacrifient pour nous, ceux qui commettent à notre place, au prix de leur liberté, les crimes dont nous sommes tous capables, ces crimes dont le récit nous passionne tellement, dont l’envie coupable fait son chemin dans les couloirs tortueux de notre inconscient. Regardons-nous, regarde-toi sans fard dans le miroir, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère.
Chez nous, nous préférons les francs-tireurs, ceux qui agissent de leur propre initiative : Geneviève Lhermitte, Kim De Gelder et n’oublions pas les assassins de Joe Van Holsbeek. Nous avons bon cœur, nous sommes prompts à nous émouvoir sur le sort des victimes. Pour mieux les plaindre, nous voulons tout savoir, jusqu’au dernier détail sordide. Nous épluchons les journaux, le Net, nous écoutons attentivement les émissions de radio. Nous suivons les procès d’assises. Notre légitime curiosité satisfaite, nous allons marcher dans la rue pour manifester notre sympathie aux victimes et leur famille et notre vertueuse indignation. Et quand nous rentrons à la maison, fatigués de cet effort inhabituel, nous nous installons devant la télé, pour un repos bien mérité, et regardons, blasés, une série policière où les crimes commis ailleurs ressemblent comme des frères à ceux perpétrés ici.
Poussons la logique jusqu’au bout. Puisque ce genre de faits-divers attise notre curiosité (malsaine ? mais noooon !), qu’il nous sort de la torpeur où nous avaient plongés les fades soubresauts de la politique intérieure et de la crise économique, nous devrions bénir ceux qui nous les fournissent. Les meurtriers, les violeurs, les sadiques, les pédophiles, ce sont eux qui alimentent notre appétit de sensationnel, notre soif de scandales, qui réveillent en nous des émotions souvent mal définies, qu’il vaut sans doute mieux ne pas trop analyser, sous peine d’y découvrir des aspects de nous-mêmes que nous préférons ignorer. Notre cœur bat plus vite : enfin, il se passe quelque chose ! Oh, ce que nous montrons n’est que compréhensible écoeurement, indicible horreur, respectable désir de voir les coupables punis comme il se doit, espoir que cela plus jamais ne se reproduira… Vraiment ? Que cela jamais ne se reproduira ? Mais alors… Nous allons replonger dans notre apathie, dans l’insupportable monotonie de nos vies… Et où les réalisateurs de nos séries préférées iraient-ils chercher leurs idées si on cessait d’assassiner ?
Nous ne sommes pas cohérents. Remercions ceux qui se sacrifient pour nous, ceux qui commettent à notre place, au prix de leur liberté, les crimes dont nous sommes tous capables, ces crimes dont le récit nous passionne tellement, dont l’envie coupable fait son chemin dans les couloirs tortueux de notre inconscient. Regardons-nous, regarde-toi sans fard dans le miroir, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère.
mercredi 14 janvier 2009
Stage d'écriture à l'Abbaye de Floreffe
STAGE D’ÉTÉ A FLOREFFE.
Cet été, Jean-Marc Riquier et moi-même rééditons notre désormais traditionnel stage d’écriture (résidentiel ou non) à l’abbaye de Floreffe (Belgique). Les dates n’ont pas encore été fixées mais nous pouvons déjà vous révéler qu’il aura lieu, comme de coutume, aux alentours du 21 juillet. Pour ceux et celles qui ont participé à l’édition 2008, nous tenons à préciser que, si le nombre de participants dépasse douze personnes, une deuxième session sera prévue, tout de suite après la première.
Des informations plus précises seront publiées très prochainement.
Cet été, Jean-Marc Riquier et moi-même rééditons notre désormais traditionnel stage d’écriture (résidentiel ou non) à l’abbaye de Floreffe (Belgique). Les dates n’ont pas encore été fixées mais nous pouvons déjà vous révéler qu’il aura lieu, comme de coutume, aux alentours du 21 juillet. Pour ceux et celles qui ont participé à l’édition 2008, nous tenons à préciser que, si le nombre de participants dépasse douze personnes, une deuxième session sera prévue, tout de suite après la première.
Des informations plus précises seront publiées très prochainement.
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