mercredi 30 septembre 2009

Pour la défense de la langue

I
Inamovible, l’espérance
d’un virage de cap décisif,
incisive plantée dans la chair de la langue,
incise vive entée
au pli d’une phrase branlante,
bouleversement radical permanent,
retournement des sens
et du sens de la vie,
retour à l’essentiel.

II
La tournure qu’ont prise les choses
demande un détournement d’urgence
de l’usage consacré de la langue,
toutes papilles confondues,
saveur des mots collés
à la voûte céleste du palais déserté.

Les dents ne doivent pas s’ériger en barrière
contre laquelle viendrait buter
la vérité celée par habitude.

Les dents s’écartent
sur le passage de la langue,
joyeuse entrée de ta salive
dans mon intime conviction
que tout est bon à dire.

III
Que les sons forgés dans la gorge,
conçus au berceau du palais,
les cris du cœur et des phanères,
les hululements de douleur,
les gémissements de plaisir,
les chuchotements de tendresse,
les murmures de compassion
circulent à l’air libre d’une voix entendue.

A langue abattue, les mots
courent sur le fil du rasoir
de la folie.

IV
La langue veut servir celui qui la délie.


Septembre 2009.

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