GAËL
JOSIANE
PIETQUIN HUBERT
PROIE
AUTANT QUE PLUIE*
*Les passages en caractères droits sont de Gaël PIETQUIN, ceux en italique sont de Jo HUBERT
(Prologue)
j’aimais.
l’équipe
des bâtons rouges et la course au métal
proie
autant que pluie après le choc
flairer
fusil sous le bras.
3
J'aimais
désobéir.
à
cloche-pied
à
morve-nez
jeux
abolis
Jacadi.
adi
orphelin
de fer par
iguane
détourné.
4
dans
la pierre
fendue
le
langage est crypté
l’hiver
pensif a caressé son fil
il
a tout faux.
pied
de souris: le piège!
neige qu'on enfile par-dessus la neige
neige qu'on enfile par-dessus la neige
statue
pour le siècle des siècles
amen.
5
Première
journée.
Mürnoir
sur
les hauteurs,
des
pieux et des linottes.
une
scie.
un
doigt fourré.
l’homme
fermentait depuis octobre
dans
des jarres, disposées en cercle.
plus
ou moins tendre.
6
au-delà
du doux
Mürnoir
s’ébroue
l'heure
frémit :
incursion de l’anguille
parmi les désaxés.
faire ensemble exception
serait un privilège.
espèce
de vieux
solfège
… droit au navire :
aboli !
(LA voix)
7
1.
faire école aux jeunes loups
2.
diviser le pain, de l’encre
3.
numéroter les indécis
1.
l’ange sur les murs
2.
indique l’heure à laquelle
3.
on se pend
(je
touche à sa faim)
8
ni
la menthe ni
la
joie ne voulait prendre
terre
comme amant.
l’œil
à sa rivale
timidement
arraché
de
quelle couleur est l’arbre ?
couleur
de menthe fraîche
tronc
piqueté de vers
que
les pies s’arrachent
à
tire-l’escargot
le
bec aigu
épouse
l’agonie.
9
il
suffisait
d’apprendre
à la poupée
tous
les synonymes d’ « aiguisoir »
10
sont
affûtés
rasoirs
et cimeterres
sont
alignés
l’angle
du mur,
l’ivre
sans pain et l’assassin.
le
bilan risque d’être sourd.
la
langue est cuite,
mais
le poing déborde
de
chatons.
11
cet
hiver –
nous
tuerons l’âne rouge et le bambin
nous
pousserons gros les mots les meubles
nous
passerons
ta bergère aux ciseaux !
là peut-être
baiser.
12
dans
le verger
les
langues blettes
sont écrasées
sont écrasées
au
barreau les jurés
ont
tranché
l’accusé
le
juge est renvoyé sine die
dans
ses foyers.
ça
sent la suie et le suint
sont
venus en ombres
les
amants déconfits
la
bergère nue.
13
et
puis je sens
l’odeur
de mes plus belles jetées
dans
l’Eustache
je
trie – dos au mur
l’assistant
voit cinq têtes glisser
entendez-vous
le chant des pommes de terre ?
14
cinq
épis rouges
au
mur des fusillés
passés
par les larmes.
redoutable
le
chat
a
flairé l’émotion
et
frôlé la tortue.
en
rirons-nous encore demain ?
quand
la torture avait des dents
réponse :
la salade romaine
15
Deuxième
journée
7
h.
le
soleil est succulent, fraîchement coupé.
la
peau cache os et poignards. (je) chie, je
chante
dans le trou blanc d’une botte.
je
ne sais plus à qui parler
je
rage à la montagne
je
secoue la chair
je
meurs.
16
17
Un
livre
de
poche
brûlé
Un
orchestre
salué
de
loin
bruit
de chaises rouge, pour un village en
18
prés
et bosquets
tendres
campanules
la
ferme !
crapules
surgissant
de
l’œuf éclos
avant
matines
l’église
glose.
qui
reçoit l’ange sans
capote,
la
gousse
d’ail
cru.
19
dehors
la
lessive à la corde
est
en odeur de cruauté.
bêche
au fond du jardin
tombe
pour deux.
20
NON
non
et non ! fichtre dieu !
défricheur
de têtes !
sors
de la maison et file plein sud
comme
barré !
maudite
que
n’ai-je pas pleuré
dès
la caresse
le
brûle-parfum ?
21
engloutie
à demeure
dans
la geôle de chair
le
sang s’est figé sur le seuil :
interdit
de circulation.
Jacadi.
coudre
les os dans la peau
la
langue est libre libre
contre
coqs et
cageots
22
girofle
et giroflée
s’émouvaient
de la rose
Rose
buvait d’un seul tigre
avant
carême le
sang
nos
efforts
nos
anonymes
nos
vies
– telles
sur
le dos difforme du goéland
usé
bourré
23
médusée
par
les déflagrations du nécessaire
la
sève s’éveille à petits jeux.
met
le feu dans une flaque de feu
le
petit cube dans un plus grand cube
ma
langue est dans ta bouche. je
suis
la ventriloque de ton désir.
la ventriloque de ton désir.
24
Monsieur
Tête de Liste,
j’ai les couilles du réserviste et du rhododendron !
je
manipule des gobelets en plastique
(les
écrase, les entasse)
sur
le lit
les
murs : des points de forage
des
asticots
25
dés-harnachée
du
pilori
fins
souvenirs.
fumée.
rose
l’aubépine
a
fermé la nuit.
26
Troisième
journée
de
mon.
bol
d’encres et de chats
surgit
un poème
un
nuage
volets
cloués
soleil
zébré
l’insecte
tord
son
profil gris soucis
27
Matin
casse-noix
sachet
de thé
lait
Matin
mordre
l’aine l’écaille
clé,
orange
orange.
aux
pieds
les
chaussons
glissent
le
sang du lièvre et le pain
gris
fumé…
28
Qui
sauterait dans un fossé
le
pied rivé par les orties ?
La
ronce a couru sur les pierres
à
bon escient
elle
a la mémoire vive
du
rouge-sang.
sang
lié au lait
le
tesson aboie
n'en
démord sa joie.
minute je paillasse, taillade la nuit
(poisse)
les
nuages timides se cherchent des matous,
partout
partout.
29
coupure
tmèse
aux bords dentelés
la
langue souffre
d’apnée
adolescente.
hoquet
chronique
hors-l’oiseau !
noise ! le minet fume sa gauloise
et
masque le fumet.
30
On
aurait déréglé les pendules
désamorcé
l’appeau du temps
(les
filets pleins de minutes perdues)
et
piégé des oiseaux
la
patte au fil de l’eau.
le
temps long
qui
tenait un cerf qui volait
un
œuf à papillons.
la
voix du Père
fait
pattes d’écureuil
sur
l’épaule d’un arbre .
31
Aux
méandres de mon cerveau
je
retiens malgré les étaux
de
minuscules chevauchées
à
pieds nus parmi les roseaux
sur
mes sentiers imaginaires
d’enfant
malade.
32
petit
Dieu se branle dans un sachet
d’algues
la
terre est chaude avec le doigt vite
reprends
la tige et dessine un cochon un arbre
bleu
attentat.
L’église
au
milieu du sillage
a
sailli
33
lapidation
/ première
le
soleil avait percé la main la maison-laine
un
dimanche en forêt
démancher
la promise
la
recoudre à vif
énerver
un nid de frelons
lire
à l’envers des matricules
dénuder
le ventre
en
ôter le cœur
34
l’épaule
frêle
n’a
plus de lit
où
se tourner
se
meurtrit
aux
cailloux
le
chêne.
la
bête. bien
appuyer
35
l’ogre
a sévi
entre
glas et tocsin
le
village a vomi dès l’aube
les
fusils
ont
la mort aux dents.
36
les
oies
malades
sont plongées
dans
le noir
manger
tout le gras
l’œil.
n’ayez crainte
dit l’ogre
dans
le
jus de sa
mère,
l’enfant.
37
Baptême
d’orage
blasphème
au niveau des tranchées
quand
le cœur n’y est pas
l’insecte
chauve s’en régale
S’il
est ici question d’élytres
le
sommeil ne suffira plus
ni
l’abondance
le
zézaiement
semble
de bon augure
a
priori
les
myrtilles et les mauviettes : à la
poubelle !
38
l’agent
violet
s’embuait
perpétrant
-
salive -
son
parfum.
la
dent de lait
le
dandelion
et
l’épine-vinette ici,
vinaigrette ! (c’est le nom de ma chienne)
la
différence.
39
poèmes
avortés
un
mot en vaut mille
dans
le panier percé
du
pêcheur
à
la ligne
point.
décapitée
la
langue
cent
flammes.
40
mordicus,
merde
dans
la fiole dingue des mots
le
ventre, c’est mille
et
un pavés
attention !
à
la ligne
point
Bételgeuse
dégueulis
sur
l’envers rose du tapis
kjunlkhObkadh
by
HALAI
41
de
l'insecte
les
mandibules
au
petit jour
ont
dépéri
et
voilà qu'à nouveau je saigne !
étêté
le cou
se
fait léger
nous
n'irons plus
au
bois. na
la main verte d’étoiles.
la
plaine.
illustration :
Robert VARLEZ
3 commentaires:
un bain de merveilleuse fraicheur....oh ! oui ! encore !!!
Des textes comme je les aime, décalé, jamais ennuyeux, un renouveau à chaque phrase.
DécaléS
Enregistrer un commentaire